Prix de la laïcité 2020

PRIX DE LA LAÏCITÉ 2020 ET LES LAURÉATS SONT…

Le Prix de la laïcité de la République française 2020 attribué par l’Observatoire de la laïcité est décerné cette année à la ligue de l’Enseignement d’Eure-et-Loir en co-réalisation avec le SPIP (Service pénitentiaire d’insertion et de probation) pour la CHARTE DE LA LAÏCITÉ rédigée par les détenus du centre de détention de Châteaudun.

Félicitations à Ben, Jacko, Luc, Mario , Pierre, Teddy et Toto présents à tous les ateliers. Nous sommes fier-e-s et ravi-e-s de voir leur investissement récompensé et leur travail salué.

C’est la première fois, sauf erreur, qu’une charte de la laïcité en centre de détention voit le jour.

UNE CO-RÉALISATION

Ce projet a été porté entre juillet et octobre par la coordinatrice culturelle de la Ligue 28, Emmanuelle Mugnier Grandveau Pro , qui travaille au centre de détention de Châteaudun où elle propose de nombreuses actions culturelles multi-disciplinaires et anime des ateliers chaque semaine.

La réalisation de cette charte de la laïcité a bénéficié d’un soutien financier essentiel du SPIP qui a permis de faire venir des intervenants extérieurs pour co-construire cette charte.

Les premiers rendez-vous à l’été portaient sur l’histoire de la laïcité, ses origines, les raisons du vote de la loi 1905, afin de pouvoir remettre en perspective ce principe. Il s’agissait de voir quelles en étaient les applications aujourd’hui à l’extérieur mais aussi à l’intérieur du centre de détention, pour ensuite passer à la rédaction des sujets qu’il leur semblait essentiel d’aborder.

UNE CHARTE COMMUNE

Dès le début de la rédaction, les participants n’ont pas voulu parler de leur seul point de vue. Il leur paraissait important de rédiger une charte qui inclurait le personnel pénitentiaire, surveillants comme administratifs. Selon eux, la charte de la laïcité du centre de détention ne devait pas être la leur mais celle de tous et toutes.

Tout au long des ateliers, ils ont gardé cette ouverture d’esprit, cherché ce qui, dans le principe de laïcité, rassemblait ces 2 publics et ce qui les différenciait. Leurs articles témoignent de cette attention, et la participation ponctuelle de membres du personnel a permis des échanges riches et intéressants. Le service Valeurs de la République & Laïcité de la Ligue s’est fortement engagé dans cette partie du projet.

UNE CHARTE ICONOCLASTE

L’aventure a continué avec Sabine Compagniepassages comédienne-poétesse, qui a mis ses talents au service du projet. De lecture de poèmes en échanges autour du vivre ensemble, de recherche des mots précis pour saisir la sève des émotions à la mise en écriture personnelle, individuelle de ce que chacun souhaitait donner à entendre, ils ont créé un préambule sensible, rassembleur, hors normes.

Le témoin est ensuite passé à Renaud Farace , illustrateur, scénariste qui a apporté son aide décalée à la mise en dessins et en forme de la charte. Chaque contributeur a choisi d’illustrer un ou deux articles avec divers outils. Le résultat reflète les sensibilités contrastées de chacun et leur volonté de proposer un objet beau, riche, à entrées multiples…inattendu comme cette Cène revisitée où Marianne a invité Simone Veil à partager un verre de l’amitié avec des représentants de diverses religions dans un banquet joliment laïque.

DES ATELIERS COMPLÉMENTAIRES

En parallèle, la coordinatrice proposait des ateliers autour des religions monothéistes, de l’écriture, de la liberté d’expression. Celui-ci a permis au groupe de débattre autour de Charlie Hebdo que certains n’avaient jamais lu. En apportant plusieurs numéros, ils ont constaté que le journal satirique traitait de tous les sujets, pas seulement des religions, et que les caricatures ne portaient pas sur une seule religion.

Une rencontre avec Z, dessinateur de presse, via Cartooning for Peace a complété cette plongée dans le monde des medias. En donnant la parole à un journaliste très critique sur son pays la Tunisie, les participants ont pu débattre de l’importance de la liberté de la presse, des risques encourus dans certains pays, de la censure.

Au total une vingtaine d’ateliers ont ponctué ce parcours. Selon les possibilités, une cinquantaine d’autres détenus ont pu participer à certains ateliers.

PRÉSENTATION OFFICIELLE

Pour finir, la charte a été présentée par leurs auteurs fin octobre aux référentes laïcité de la DISP (direction interrégionale des services pénitentiaires), de la DAP (direction de l’administration pénitentiaire) ainsi qu’à la direction du CD, au SPIP, à des élu-e-s et salarié-e-s de la Ligue. D’autres détenus intéressés par le sujet étaient présents.L’intervention de Nicolas Cadène, prévue ce jour-là, a dû être reportée. Le rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité viendra en début d’année dès que les conditions sanitaires le permettront. Les détenus attendent cette rencontre avec impatience.

Aujourd’hui, cette charte va vivre dans le centre pénitentiaire, dans l’esprit de ses rédacteurs, de ses intervenants, de ceux qui la liront au-delà des murs. Elle inspirera peut-être d’autres lieux fermés, d’autres rencontres. C’est aussi, et ce n’est pas sa moindre qualité, une aventure humaine riche et fertile en partages, en émotions, en rires, en reconnaissance et acceptation des différences.

Comme un témoignage tangible de ce que la laïcité peut susciter en tolérance et fraternité.

Merci au jury de l’Observatoire de la laïcité pour ce prix. Une nouvelle réussite pour la Ligue 28 qui a reçu une mention spéciale en 2018 pour son jeu de rôles “La laïcité se prête au jeu”. On va y prendre goût.

Trois mentions ont été décernées et récompensentLa Circonscription du premier degré de l’Éducation nationale d’Aulnay 2 avec la création d’un livret pédagogique et d’une formation à la laïcité pour les professeurs et les élèves. La Direction interrégionale de la protection judiciaire de la jeunesse (DIRPJJ) Grand Nord et leur projet de jeu de plateau coopératif.Le CREPS (Centre de Ressources, d’Expertise et de Performance Sportives) de Bourgogne-Franche-Comté (site de Besançon) et leur MOOC « Le sport à l’épreuve de la laïcité ».